Bel oiseau,mes pensées sont à la couleur de tes ailes,noires comme jamais.Je suis assise là, auprès de toi qui m'observes...l'oeil curieux.A chaque fois que mes soupirs s'envolent vers celui qui me tourmente,j'entend ton chant moqueur.Te voilà tournoyant au dessus de ma tête,messager des Dieux.Viens-tu recueillir mes confidences?
Comme tu es beau,oiseau de jais,posé sur cette branche! Dans un bref crôassement,tu agites tes ailes pour y glisser ton bec.Me voici de nouveau perdue.Tu ne bouges pas.Nous nous regardons.
"je t'écoute desormais.
-Et que veux-tu entendre que tu ne sais déjà?
-Il est vrai que je devine tes pensées les plus intimes,mais n'éprouves-tu pas le besoin d'en parler?
-Je ne trouve pas les mots justes.
-Pourquoi chercher? Laisse toi aller.
-Je perd la raison! Me confesser à un corbeau!
-Pourtant tu sais que je suis là,et ce,dès que ton esprit s'embrume,tu me cherches,tu m'attends.
-C'est vrai.Tu me rappelles celui que j'aime.
-Oh vraiment? N'ai-je pas plus d'allure,de prestance que lui? Bien! Je te vois sourire,voilà qui est mieux! Nul ne l'égale n'est ce pas?
-Je ne parviens pas à le remplacer,non.Ce serait me mentir à moi même que de tenter de l'oublier.
-Certes.Je peux comprendre.Mais toi? Qu'as tu à gagner dans tout cela?
-Rien....je parle à un oiseau,oh si...je gagne en folie.Le temps passe et je gagne en folie.Voilà tout ce qui m'est dû puisque je n'ai droit à rien d'autre,condamnée à aimer sans retour...
-Une folie douce que celle-ci! Crois moi,j'ai entendu des prières bien plus etonnantes!
-Mes forces m'abandonnent.Ne saurais-tu demander à tes Maîtres de soulager mon âme?Qu'ils me guerissent à jamais de cet amour! C'est une torture...
-Non,cela m'est impossible,l'Amour,quel qu'il soit ,ne doit être rompu.C'est tout ce que tu as de plus fort et de plus pur à offrir.Nul ne saurait te retirer cela.Tu dois accepter ton sort.
-Mais je ne peux plus!
-Si tu le peux,tu le sais,tu pourrais encore pour une eternité,de cela tu es persuadée.C'est pourquoi tu as peur.Voilà ce qu'en vérité,tu souhaites vraiment fuir,cette crainte d'être ce que tu es,de donner ce que tu possèdes.
-Terriblement....oui,j'ai eu peur dès que j'ai su.Dès lors que mon esprit ne trouvait de refuge qu'en présence de son image et des souvenirs qu'il me laissait.Ses mots,sa voix,son rire,sa vie.
-Alors cesse de lutter et pleure.Je serais là,comme toujours,près de toi.Ferme les yeux et aime-le comme tu sais l'aimer.Pour toi,je prendrais mon envol.Tes murmures,tes larmes dans les cieux et sur mes ailes:l'essence de ton amour .Au dessus du monde,je planerais,et là où s'achève la course du soleil,je terminerais aussi mon voyage.Je me poserais dans son jardin pour y porter ton message.Il verra sur mes plumes d'ébène les reflets pourpres des dernières lueurs du jour,et il comprendra."
Bel oiseau,mes pensées sont aux couleurs de tes ailes....je te vois t'éloigner doucement.Tu n'es plus qu'un point dans ces nuages immenses.Tu n'es plus...ma bran...mon corbeau....
"La nuit s'épanche sur ta tête baissée,attends l'aube sereine où il viendra."