Bran Mak Morn

Une saine lecture que je vous conseille pour vous imprégner de cet esprit barbare et héroîque si présent dans Nemedia. Un chef d'oeuvre de Howard où le représentant dun peuple trop peu connu est mis à l'honneur, encensé dans sa grande bravoure et placé comme tous ses héros au rang de sauvage luttant contre l'hégémonie d'une civilisation bien plus décadente qu'il n'y parait.



Titre original : Worms of the Earth, 1969
Traduction de François TRUCHAUD
Illustration de Jean-Michel NICOLLET
NOUVELLES EDITIONS OSWALD (NEO), coll. Fantastique / SF / Aventure n° 60, novembre 1982
156 pages, ISBN : 2-7304-0175-X
Autres éditions
FLEUVE NOIR, 1993

Bran Mak Morn, le loup de la bruyère, le roi des Picts (la race oubliée), le chef des hommes des ténèbres, homme solitaire et taciturne, fier et révolté, barbare et sauvage, roi de la lande et des êtres oubliés par l'Histoire, Bran Mak Morn se bat pour sa liberté et pour celle de son peuple, face aux Romains, les envahisseurs sans pitié.

Dans « Les rois de la nuit », c'est Kull, le roi atlante de Valusie, qu'il appelle à son aide, mais dans « Les vers de la Terre » (que Lovecraft qualifiait de « chef-d'œuvre macabre » et qui est considéré outre-atlantique comme l'une des meilleures nouvelles jamais écrites par Howard) c'est aux rejetons des Ténèbres et à de sombres maléfices qu'il a recours. Car Bran Mak Morn, l'un des héros les plus puissants de Howard, est aussi l'un des plus sombres et des plus désespérés. Pour lui, qui est le roi des ombres, des illusions et de la vanité des choses, seul compte l'instant présent : les ères se succèdent et l'oubli du Temps recouvre les hommes à jamais.

Après Le pacte noir, L'homme noir, Kull le roi barbare, Solomon Kane, Le retour de Kane..., en attendant Cormac Mac Art, Agnès de Chastillon, Dennis Dorgan, El Borak, et bien d'autres héros exemplaires jaillis du cerveau génial de Howard, grand conteur devant l'Éternel, fasciné par le passé et l'Histoire, découvrez la flamboyante saga de Bran Mak Morn ! Un univers féroce et barbare, imprégné de fantastique, de magie noire, de folie guerrière et de sang ! Une heroic fantasy épique qui se passe en Bretagne, sous l'occupation romaine.

L'adaptation au cinéma de Bran Mak Morn ne devrait plus tarder. Prions les dieux pour que ce ne soit pas un désastre, une tentative malheureuse de faire de ce héros de légende créé par Howard un bouffon de la toile blanche dont tous les ados iront brailler le nom en salissant l'oeuvre dont je vous ai parlé plus haut.

Un article sur SF magazine, par Manu alias notre cher Amra :

http://www.sfmag.net/article.php3?id_article=2662

On en parle déjà plus, ça m'inquiète.....


Dommage, les idées étaient, paraît-il, très bonnes, et d'après certains internautes américains, ils voulaient tout filmer en décors naturels avec beaucoup de batailles live.....

Rumeurs de tournage en Ecosse, Irlande, Espagne, etc.....

Croisons les doigts, même si le film devient une production filmée en studio.....

C'est bien dommage si ce film ne voit pas le jour !

En espérant toutefois que s'il était réalisé ce serait dans une optique proche des récits d'Howard et non pas dans une réalisation à renfort d'artifices qui éloigneraient les aventures du Pict farouche pour en faire une idole d'un public qui croirait une fois de plus qu'il n'y a aucune racines littéraires à l'origine de ce héros incontournable.

Et bien attendons et voyons, wait & see comme dirait le peuple briton

Les projets ne manquent pas en ce qui concerne les adaptations cinématographiques des oeuvres de REH...
Une adaptation de Solomon Kane était prévue également...il ya 2 ans, depuis plus rien!
On est un auteur maudit où on l'est pas!
Y'a un petit côté Lautréamont chez Two-Gun Bob...

J'ai eu des infos sur le scenario. Du coup, je ne m'intéresse plus à cette production. Aller voir un Bran Mak Morn métis de romain et ancien esclave, ça ne me tente pas trop...

On verra bien...
Ceci dit, le thème du métis n'est pas à négliger, c'est quelque chose qui peut se voir dans l'oeuvre de Howard, dans l'évolution de son romanesque. Il y a une symbolique de l'hybridation dans l'oeuvre du Texan qui n'est pas à négliger. C'est souvent peu relevé, et pourtant, entre le cycle de James Allisson et Conan il y a un processus, une combinatoire symbolique au travers de laquelle se sent cette hybridation, ce métis symbolique, mélange et résultante d'une conflagration ancienne, celle issue de la rencontre entre Solutrée et Clovis. Donc non, je ne pense pas que ce film sera sans intérêt. Par contre, c'est un niveau de la fidélité à l'oeuvre que ça risque de m'irriter....

Ce qu'il y a de plus intéressant pour Howard, c'est que bien loin des preuves et autres âneries sectaires et élitiste, l'oeuvre est accessible au commun des mortels, c'est en cela une oeuvre bien plus laÎc qu'on pourrait le laisser croire, parce que plus populaire. Et les meilleures analyses résultent non pas des preuves ou du fait " qu'on connait la couleur du slip de Howard ", mais bien du parcours et de l'étude personnelle que pourront faire les lecteurs passionnés et interloqués par la transformation du héros chez Howard, subtile et infime, mais certaine, à mesure où son oeuvre commence à prendre de l'ampleur et de la puissance, à mesure aussi où elle commence à se débarrasser du vieux fond raciste d'où elle émerge.
Son roman sur le far-west devait être un hymne à l'hybridité, un chant d'amour envers son Amérique rêvée et réelle.
Howard, dans son projet de roman sur le far-west, ne fait ni plus ni moins qu'une célébration d'un pays cosmopolite, où Clovis et Solutrée édifient à jamais un pacte sacré. Et qui d'autre que son héros bossu à la manière de Quasimodo, serait plus à même de le concrétiser en tombant amoureux d'une belle princesse indienne..... ;)

Je ne suis pas d'accord sur l'idée du métis.
Tout le message contenu dans Bran mak Morn, c'est justement cette appartenance entière et totale à un peuple qui souffre des assauts d'un autre. Au contraire, si il y métissage dans les aventures de Bran, c'est l'empire romain et ses multiples conquêtes qui l'incarne.
Il ne faut pas non plus voir de racisme dans le fait que Bran soit un Pict de sang pur, descendant en droite ligne de Brule, 15 000 ans avant. Dans son âge Hyborien, Howard nous explique clairement que les Picts ne sont pas un peuple comme les autres. Ils sont en marge de l'humanité, ils n'obéissent pas aux même lois évolutives et en outre, ils se souviennent d'un passé que toutes les autres peuplades ont oublié. C'est pour ça qu'ils sont condamnés à disparaître. S'il y a un rapprochement à faire, ça serait plutôt au niveau de la disparition du Néanderthal.
Alors faire de Bran un métis, à mon sens, c'est pervertir l'oeuvre. N'allez pas me traiter encore une fois de puriste. Un film comme Conan le Barbare a perverti l'oeuvre de Howard mais ça ne m'empêche pas de le trouver très bon, et de trouver aussi qu'il y a quelque chose de howardien dedans. Mais les transformations qu'a opérées Milius ne sont pas du même acabit que de transformer Bran en métis et en esclave.
L'esclavage est une situation impossible pour un Pict tel que les décrit Howard. Un Pict mourra en tentant d'arracher ses chaînes plutôt que de rester privé de sa liberté.

Ah, mais du point de vue de l'oeuvre, on est tout à fait d'accord, je disais simplement que le métis était une thématique symbolique intéressante dans l'oeuvre de Howard, et citais James Allisson et Conan comme deux rivages bien particulier dans l'oeuvre du Texan. Bran Mak Morn, je m'en explique dans mon tome 2, relève de bien autre chose....
Là on est tout à fait d'accord, mais je pense qu'au cinéma, ils ont voulu encore une fois altérer les écrits pour donner quelque chose d'intermédiaire, un métis donc. Métis ne m'intéressait que dans le fil d'une oeuvre, pas dans Bran même, voilà pourquoi je trouvais ça intéressant. Encore une fois ils synthétisent là où on attendait une fidélité aux nouvelles de Howard. Ce qui fut très bon pour Conan le sera-t-il pour Bran ? Résultat dans quelques mois...... ;)

Tout ce que je demande dans un film tel que celui qui va voir le jour, c'est d'assister au combat d'un homme et d'un peuple contre l'envahisseur romain. L'histoire, je m'en fous.
Par contre, si le métissage est peut-être de mise pour parler de l'oeuvre de Robert E. Howard, pourquoi pas, ça n'est vraiment pas le bon personnage pour l'évoquer. Bran Mak Morn est l'antithèse de tout cela.

Non, mais comme je viens de le dire, les américains aiment altérer les données romanesques pour en revenir à un visuel " bon pour tous ", en cela, ils optent pour une modernité, pas pour l'authenticité. Ils hybrident l'oeuvre pour l'adapter à leur propre société. Du moins, c'est ce que m'évoque ce parti pris " scénaristique ". Je pense qu'ils tentent de donner une portée symbolique à Howard, même si c'est au risque d'en modifier la valeur romanesque. Bref, ils parlent pour leur propre idée du cosmopolitisme, et ils en ont probablement déduit que Bran offrait un très bon support pour cela...

Von Juntz a écrit:

Je ne suis pas d'accord sur l'idée du métis.
Tout le message contenu dans Bran mak Morn, c'est justement cette appartenance entière et totale à un peuple qui souffre des assauts d'un autre. Au contraire, si il y métissage dans les aventures de Bran, c'est l'empire romain et ses multiples conquêtes qui l'incarne.
Il ne faut pas non plus voir de racisme dans le fait que Bran soit un Pict de sang pur, descendant en droite ligne de Brule, 15 000 ans avant.

Est-ce que les Picts souffrent réellement des assauts des romains comme s'il s'agissait d'un fait incontournable et impossible à éviter ?

Pour moi, cela va plus loin, les Picts régressent vers un état de sauvagerie qui les rend plus primitifs à mesure que les générations se succèdent ( Darwinisme inversé comme disait Amra dans "Corps Barabares"), le romain ce n'est pas spécialement l'image d'un peuple en particulier que l'on se représente comme l'ennemi absolu, il ne s'agit pas de "racisme" primaire (au sens de peuple contre peuple) mais plus l'évocation d'un avenir en marche, une évolution contre laquelle on ne peut pas lutter. Le Romain dans l'esprit du citoyen lambda est la base de la "civilisation connue", la référence...

Bran Mak Morn voit la décadence de son peuple qui disparaitra inéluctablement, les contes et la tradition orale sont une survivance qui passera les âges, alors que les Picts se dilueront dans les siècles. Il y a toujours un vieux sorcier qui est là pour relater le cheminement des Picts au travers des âges.

Les Romains avec leurs visages de rapace et leur modernité, on voit que c'est la civilisation, un aspect de la société auquel on ne peut pas échapper, d'ailleurs Bran Mak Morn lui-même sous le nom de Partha va se saouler la gueule, boire et profiter des conforts qu'apporte le modernisme romain. En un claquement de doigt, il est le barbare primordial et farouche donbt la férocité n'est plus à prouver....

La résistance se fait, le romain tombe, d'autres arrivent et s'installeront, les mythes des Picts restent... Une civilisation chasse l'autre, le combat est toujoursinégal mais Howard nous montre sa préférence.

Alors ? Pas d'avis ? Dis-je des énormités telles qu'elles ne méritent pas d'être commentées ?

Acune remarque à faire sur une aussi bonne analyse, un point de vue partagé en toute amitié et dans le respect de chacun....

Je vous invite à jeter un oeil sur ce très bon article sur "Robert Howard, la chrétienté et la saga de Bran Mak Morn" sur un de mes sites favoris (pour ne pas dire fétiche)
l'incontournable site "Sword & sorcery" dont vous pouvez également retrouver le lien via mon blog. Bonne lecture et attention les yeux, les repro des couvertures d'ouvrages sur l'article sont magnifiques.


http://www.swordandsorcery.org/bran-mak-morn.htm

J'adore la première couv de Vallejo, introuvable en jpeg sur le net, comme beaucoup d'autres. Il y a d'ailleurs tout un pan de ses couvertures pour Howard et Conan qui est inconnu du public français, et c'est dommage qu'aucun site ne les propose en téléchargement, à usage privé, bien sûr....

Je ne vais pas souvent sur ce site, mais c'est l'un de mes préférés, j'y retournerai, c'est certain....

Là aussi ça parle non Humphhhhh trouvé au hasard de mes périgrinations sur la toile de ce monstre acéphallique qu'est le net...





Source : http://www.xanga.com/billis

Les deux premières sont celles de l'édition Wandering Star, sublimes et essentielles, à se procurer d'urgence....

Oui, sublimes !

Comme tu le sais Cormac Mac Art et Bran Mak Morn sont mes deux personnages favoris chez Howard, avant même tous les autres. C'est bien dommage qu'aucune suite n'ait été donnée aux aventures de ces personnages, tu as plus de détails à ce sujet ?

Howard comptait-il laisser ces personnages dans la splendeur de leurs prouesses pour ne plus y revenir ? cela faisait-il partie de ce squelette gigantesque de son oeuvre, avec un rôle précis, ou peut-être un jour y serait-il revenu, dans l'optique d'un projet plus vaste ?

Hé hé, ça c'est quelque chose que je garde pour plus tard, mes amis....
C'est assez surprenant de voir quels avaient été les projets de Bob, surtout le jour où il rencontra la belle Novalyne. Certaines rencontres édifient de tels continents de fiction que ça en est parfois divin, si j'ose dire...

Amra a écrit:

Certaines rencontres édifient de tels continents de fiction que ça en est parfois divin, si j'ose dire...

C'est très joli ce que tu dis Manu.
C'est vrai après tout, le souffle épique et la fureur de certaines batailles mythiques ne trouvent-ils pas leur origine dans les bras voluptueux de l'amour ?...
Moi je dis, rien de mieux que l'inspiration d'une âme-soeur pour vous élever au-dessus des cieux.

Ou le souvenir de cette âme soeur......