L'ondine

L'Ondine.



Après la bataille, dernier survivant, il cherchait refuge sous un hêtre au bord de la rivière. Reprenant son souffle,auprès de lui son cheval fourbu brillant de sueur,il tenait dans sa main son épée ébréchée et entendait encore le cri de ses hommes le coeur en poussière.

Lorsqu'à fleur d'eau,il l'apperçut,glissant près des rochers tapissés de mousse.Les longues mèches de sa chevelure,couleuvres cuivrées, ondulaient sur ses bras laiteux, carressaient l'ourlet de ses lèvres entrouvertes, effleuraient ses paupières closes. Le courant faisait danser sur ses reins, les longues herbes aquatiques jaillies des fonds obscurs. Et les pousses de pin, arrachées par le vent, venaient se mêler aux brindilles éparses sur ses cuisses luisantes. L'eau posséssive s'engouffrait parfois sous l'etoffe blanche qui épousait sa poitrine, plaine de soleil aux fontaines de vie.Le tissu se soulevait, se reposait ensuite, et les flots s'emparaient de ses seins, pour enfin repartir à la conquête des épaules.

Le chevalier n'osait plus bouger et retenait son souffle, de peur de l'éveiller, mais dormait-elle seulement? La pâleur de sa peau lui fit craindre le pire. Il s'est alors avancé. Même trainée dans la poussière noire et sèche, son armure de fer blanc maculée de sang pourpre répondait aux scintillements de l'eau pure. ses joues etaient brûlées par le soleil mordant, un long filet de sang, serpent aux écailles carmin, mourrait auprès de sa bouche asséchée. Il s'approchait encore mais elle ne bougeait plus,déposée là par l'onde,sa course stoppée par une énorme branche morte affaissée sur la rive.

Le voici enfin tout près de ce corps languissant,quand soudain, sur ce visage impassible, s'ouvrirent brusquement deux grands yeux diaphanes. Il sursauta ,ce qui eut pour conséquence de raviver une blessure noire et fumante ouverte sur sa jambe, et poussa un cri de douleur,la créature sortit aussitôt de l'eau et posa sur lui un regard presqu'aliéné. Impression d'autant plus forte que le cristallin de ses yeux semblait transluscide.

Il était terrifié face à cet être d'un autre monde.Derrière elle flottait le linceul qui la recouvrait et ses longs cheveux roux collaient à son corps d'albâtre. il reculait, se traînant au sol tandis que son cheval, dans un sinistre hénissement, prenait la fuite.L'homme ne parvenait pas à se lever, sa blessure le faisant atrocement souffrir.Serrant le pommeau de son épée, il etait prêt à se défendre.Mais l'étrange femme se baissa,accrouppie dans une impudique posture, elle le dévisageait, un léger sourire aux lèvres et se mit à chanter.La peur du chevalier, sous le charme de cette voix ensorcelante, s'envola aussitôt. les lèvres de la naïade ne semblaient pourtant pas bouger, mais la voix se fit plus mélodieuse encore.Le charme operant,il etait subjugué par l'extrême sensualité de ce corps nu.Elle se mit à ramper vers lui, féline prédatrice et il se laissa faire, happé par cette vision enchanteresse. Sa blessure ne le tourmentait plus, il perdait ses esprits tandis qu'elle continuait à l'envoûter de ses fabuleuses mélopées tout en l'enlassant avec ses bras nacrés.

Le chevalier est toujours là, sous le hêtre aux ramures étendues sur les flots argentés où roulent les graviers scintillants.Oui, il est toujours là, carcasse décharnée dans son armure rouillée.

Eowyn.

Superbe !!!

Il y a du Lord Dunsany dans ta prose, poursuis dans cette voie, tentes de nous écrire quelque chose de plus long, crois en toi, inventes un drame en reprenant les bases anciennes des contes et lais. Je suis certain que tu pourrais y arriver, si tu le voulais...

Je sais que rien n'est facile dans la vie, mais malgré les problèmes et empêchements à être, tu dois croire en ton talent immense, chère Eowyn. N'abandonnes pas, tu nous fais rêver, chère amie.....

merciiiii!!!oui oui je sais!!! ;) vraiment je suis toujours très touchée par tes dires Amra. En secret,j'ecris un peu,mais le moment ne s'y prête pas,je me deconcentre vite,je m'agace,je prend,je relâche,je râture et je mange mes feuilles.Le plus horrible dans tout ça c'est que lorsque je me couche,je pard doucement dans le sommeil,et là,tout vient impeccable,j'enrage! et comme je suis parfois un petit peu indolente,dispersée....voilà voilà.....

Je sais pas trop quoi dire à part : encore!!
Tout y est, la femme tentatrice et l'homme affaibli, le piège posée, et la fin implacable, dans une ambiance onirique.
Un(e) vrai(e) barde(sse), cette Eowyn.

merci cneuuuuuuuus!! voilà un compliment fort adorable!!C'est marrant une de mes amies en lisant mes textes m'a justement dit qu'ils semblaient être écrits pour être vraiment "contés" à voix haute.C'est un bonheur de VOUS faire plaisir!!

Comme je t'ai dit, tu sais marier avec force éros et thanatos aussi bien dans ta prose que dans tes dessins. Tu es vraiment une artiste surprenante et envoûtante

Sinon, je te rassure, on est tous indolents et dispersés à un moment ou un autre ;) cela ne doit pas t'inquiéter outre-mesure.

Mais écoute les conseils d'Amra, essaie de pousser plus loin ta prose pour faire une nouvelle ou un conte un peu plus long, voire écrire un roman ou un drame.

J'arrête pas de lui dire à cette petiote !!!