Les genres de la fantasy

La Fantasy (de l'anglais fantasy : imagination - à ne pas confondre avec la fantaisie francophone) est un genre littéraire fantastique présentant dans son récit un élément irrationnel, qui est généralement doté d'un aspect mythique, et qui est souvent incarné par l'irruption ou l'utilisation de magie. Par extension c'est devenu un genre cinématographique, musical et artistique.

On parle aussi de médiéval-fantastique ou de Fantasy médiévale lorsque l'histoire présente des univers mythiques de type médiéval ou antique, où cohabitent généralement héros guerriers, magie et sorcellerie, cultures anciennes et éléments surnaturels. Le terme médiéval-fantastique est parfois compacté en «Med Fan».

On pourrait faire remonter la naissance de la Fantasy aux récits mythologiques de l'Antiquité (tels que l'Odyssée) ou aux romans merveilleux du Moyen Âge (comme les légendes arthuriennes).

Néanmoins, l'origine officiellement reconnue de la Fantasy moderne date du début du XX° siècle, avec des histoires pionnières comme le roman La fille du roi des Elfes (The King of Elfland's Daughter) de Lord Dunsany (1924) ou les nouvelles du cycle de Conan le barbare de Robert E. Howard. De nombreux auteurs américains s'y consacreront, créant ainsi sur le papier un Moyen-Âge étonnant que l'Amérique n'aura pas connu. Ceci explique notamment le succès de la Fantasy aux États-Unis et dans les pays anglo-saxons. C'est dans les années cinquante que ce genre populaire mais confidentiel connaît un vrai succès critique et public avec Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien (1954-1955), qui devient l'archétype de référence du roman médiéval-fantastique.

La Fantasy partage avec la Science-Fiction son caractère non-mimétique - ces 2 genres ne cherchent pas à imiter le monde tel que nous le connaisons. En SF, cet élement de divergence par rapport à la réalité est attribué à la science et aux évolutions technologiques. En Fantasy par contre, cet élément et son caractère merveilleux doivent être acceptés par le lecteur sans qu'une explication soit nécessaire.

Le second succès critique de la fantasy vient du cinéma au début des années 80. Conan le Barbare de John Milius fait un carton au box-office avec un héros créé cinquante ans plus tôt et consacre Arnold Schwarzenegger. Le ton résolument violent, sec et épique hisse le métrage au rang de film culte. Par la suite, Legend de Ridley Scott ou Dark Crystal de Jim Henson présentent plusieurs variations intéressantes. Au début des années 2000, Peter Jackson livre le plus ambitieux projet cinéma de Fantasy : l'adaptation du Seigneur des Anneaux. Le résultat est à la hauteur de l'événement : grandiose et impressionnant. Le nouvel étalon du cinéma de Fantasy a mis la barre très haut.

En littérature, la Fantasy a enfin conquis les publics réticents suite à ces succès visuels. On ne compte plus le nombre de romans, de nouvelles, de sagas publiés, d'inégale qualité mais assurément teinté d'imaginaire exotique.

Catégoriser l'imaginaire est difficile, voire impossible. Néanmoins, dans le cas de la fantasy, on peut reconnaître plusieurs grandes tendances qui se démarquent et parfois se croisent :

L'Heroic Fantasy : met souvent en scène des guerriers barbares, des amazones et des sorciers maléfiques luttant pour leur survie, la plupart du temps dans une époque de violence, de chaos et de conflits épiques. Ex. : Conan le barbare de Robert E. Howard.

La High Fantasy : moins sombre et torturée que l'heroic fantasy, la High Fantasy se déroule dans un monde différent de notre monde moderne ; l'invention fictionnelle est donc poussée à son maximum. Ex. : Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien.

La Romance Fantasy : dérivation féminine et poétique, elle se caractérise par une présence marquée des femmes et un environnement à la frontière mystérieuse du merveilleux.

La Light Fantasy : met en scène le plus souvent un enfant ou adolescent, ou un groupe d'enfants engagé(s) dans une quête initiatique avec son lot d'épreuves et d'individus intriguants rencontrés lors du périple. Ex. : le film L'histoire sans fin.
La Light Fantasy recouvre aussi la branche humoristique de la Fantasy. Ex. : Les Annales du Disque-Monde de Terry Pratchett.

La Fantasy Mythique : Plus merveilleuse, plus proche du conte de fée et de la légende que les précédentes. Ce qui compte le plus, c'est sans doute moins l'intrigue ou les personnages que l'atmosphère, le monde de merveilleux, de légendaire qui y règne et berce le lecteur. On pourrait qualifier cette fantasy de contemplative. Ici se rencontrent souvent des variations modernes sur des contes, des légendes anciennes dont les auteurs ne gardent parfois que le ton, forgeant alors de nouveaux contes.
La Science Fantasy : lié à la Science-Fiction, ce sous-genre intègre souvent des éléments de technologie moderne dans un univers médiéval ou antique. Ex. : le roman Gandahar contre les hommes-machines de Jean-Pierre Andrevon.

La Dark Fantasy : plus proche du fantastique (c'est-à-dire l'incursion subite du surnaturel dans un environnement connu), ce sous-genre ajoute généralement des éléments de fantasy à un contexte gothique. Ex. : la nouvelle L'appel de Cthulhu de H.P. Lovecraft. Il s'agit là d'une Fantasy pessimiste, voire désabusée. Les rôles sont inversés par rapport à la High ou l'Heroic fantasy ; c'est le Mal qui prend le dessus sur le Bien. La Dark Fantasy est une Fantasy qui inclut des éléments d'horreur mais ça n'en devient pas pour autant de l'horreur. Ex. : Cycle de la Compagnie Noire de Glen Cook.

La Fantasy Urbaine : croisement entre notre monde et un autre, vivant en parallèle ; genre littéraire dérivé de la Fantasy où des créatures féeriques ou mythologiques vivent dans un centre urbain dont le niveau technologique varie entre la fin du XVIIIe siècle et le contemporain. Magie et technologie s’y cotoient.

La Space Fantasy : genre littéraire et cinématographique alliant Space Opera et Fantasy. Space Opera et Fantasy ont en commun le fait de décrire des univers décalés par rapport au monde réel.

Mais la définition de l'heroic fantasy étant un peu plus large... Il y a matière à savoir que le genre HF est assez mal défini en France. L. Sprague de Camp (biographe de Conan), Michael Moorcock (Elric) et Fritz Leiber (Fafhrd et le Souricier gris) ont longtemps débattu de la définition de ces termes. Or il apparait que l'usage qu'on en fait en français ne correspond pas aux termes suggéré par ces fondateurs du genre:

HEROIC FANTASY réfère à des mondes antiques où la magie est très présente et les héros affrontent des défis grandioses. Leur caractère est souvent noble ou bon. Tolkien est l'exemple général, mais aussi Elric et d'autres.

SWORD & SORCERY (épée et sorcellerie) réfère à un sous-courant de Heroic Fantasy des années 1930 où des barbares affrontent des forces maléfiques par la seule force de leurs capacités naturelles. Conan en est l'exemple ultime, et Fahfrd aussi. Les magiciens sont mauvais, les femmes sont belles, les héros musclés, etc. Le héros est souvent amoral et motivé par l'or et les plaisirs. Pensons ici aux images de Frank Frazetta C'est plus l'esprit du Sword & Sorcery que j'apprécie.

Pour une revue en ligne sur ce sujet (en anglais), je vous invite à voir:

http://www.swordandsorcery.org/articles.asp

Et plus spécifiquement:

Defining Sword and Sorcery, by Howard Andrew Jones
http://www.swordandsorcery.org/defining-sword-and-sorcery.asp

The Demarcation of Sword and Sorcery, by Joseph A. McCullough V
http://www.swordandsorcery.org/demarcation-of-sword-and-sorcery.asp

DÉFINITIONS
Voici deux définitions intéressantes et précises de deux genres, en anglais:

1. Sword-and-Sorcery
2. Planetary Romance

Source:
http://www.swordandsorcery.org
Copyright 2005, SWORDandSORCERY.org

What Is Sword-and-Sorcery?

Some people use “sword-and-sorcery” to mean any kind of fantasy fiction. While sword-and-sorcery is certainly a type of fantasy fiction (as a sports car is a type of automobile), the label “sword-and-sorcery” was proposed by award-winning speculative fiction author Fritz Leiber (originally to Michael Moorcock) to distinguish the genre from other categories of fantasy.

So the simple answer to the question is that “sword-and-sorcery” is a label used for a sub-genre of fantasy.

What makes sword-and-sorcery different from other fantasy?

The environment, the protagonists, the obstacles, and story structure.

The Environment: Sword-and-sorcery fiction takes place in lands different from our own, where technology is relatively primitive, allowing the protagonists to overcome their martial obstacles face-to-face. Magic works, but seldom at the behest of the heroes. More often sorcery is just one more obstacle used against them and is usually wielded by villains or monsters. The landscape is exotic; either a different world, or far corners of our own.

The Protagonists: The heroes live by their cunning or brawn, frequently both. They are usually strangers or outcasts, rebels imposing their own justice on the wilds or the strange and decadent civilizations which they encounter. They are usually commoners or barbarians; should they hail from the higher ranks of society then they are discredited, disinherited, or come from the lower ranks of nobility (the lowest of the high).

Obstacles: Sword-and-sorcery’s protagonists must best fantastic dangers, monstrous horrors, and dark sorcery to earn riches, astonishing treasure, the love of dazzling members of the opposite sex, or the right to live another day.

Structure: Sword-and-sorcery is usually crafted with traditional structure, meaning that it isn't stream-of-consciousness, slice-of-life, or any sort of experimental narrative—it has a beginning, middle, and end; a problem and solution; a climax and resolution. Most important of all, sword-and-sorcery moves at a headlong pace and overflows with action and thrilling adventure.

Ex. Conan (R.E. Howard), Fafhrd & the Grey Mouser (F. Leiber).

What is Planetary Romance?
The structure of planetary romance (sometimes called “sword-and-planet”) feels absolutely identical to the structure of sword-and-sorcery; the other elements are very similar.

In place of magic, planetary romance has telepathy and scarce technological leftovers from a remote, absent, dead, or dying race of advanced beings—so advanced that their technology might as well be magic.

The protagonists of planetary romances, like those of sword-and-sorcery, are outcasts and foreigners, dropped in to strange lands (often by accident). They might be explorers from advanced civilizations, but all they are likely to carry are a beam weapon with a few shots and a handful of survival gismos.

More often a planetary romance protagonist has to make do with his wits and the sword he wrested from the planet’s primitive culture. He or she faces obstacles very similar to those faced by sword-and-sorcery heroes.

Ex. Big Planet (Jack Vance), Zei (L.S. de Camp).

Ceci pour faire suite à un débat que nous avions eu ailleurs et auquel peu de gens s'étaient interessés. Mais comme ici nous baignons en plein dans cette ambiance, autant continuer.